
Galerie

















Martin Parr
Photographier le vulgaire
Photographe britannique membre de la coopérative Magnum Photos – créée par Henri Cartier – Bresson, Martin Parr n’en finit plus d’intéresser le monde de l’art. Ses travaux dressent le portrait peu flatteur et parfois ironique mais relativement réaliste de ses sujets, anonymes et si communs, inventoriant les habitudes de vie des britanniques de l’ère Thatcher – et post Thatcher. Une certaine vision de cette société où la consommation de masse et ses excès deviennent le sujet principal, et où Parr se laisse quelques fois aller à des retouches particulièrement significatives, d’un mode de vie où entre la représentation – dans la publicité par exemple – et la réalité, s’immisce un décalage, parfois un peu grossier…
La photographie apparait au XIXème siècle en France, ouvrant alors la voie à de nouvelles expérimentations en art et à la reconsidération d’un medium déjà vieux de 40 000 ans : celui de la peinture. En deux siècles à peine, la pratique aura subi un certain nombre de bouleversements caractéristiques de l’ère industrielle, post industrielle puis technologique.
En effet, l’objet de la représentation stricte du réel telle que l’œil le perçoit, va passer de la peinture à la photographie, la première ayant été distancée – et de loin – par les progrès de la technique. Puis va passer des mains de l’expert scientifique à celles de l’artiste, puis d’absolument tous, quidam comme expert, scientifiques et artistes, jusqu’à devenir un acte aussi consacré qu’ordinaire.
Si la photographie depuis deux siècles a pu être le lieu de l’expérience, de la science et de l’exploration, s’éloignant ainsi d’une volonté descriptive et objective du réel, ici même et avec Martin Parr, elle en redevient le prétexte ouvrant alors la voie à un travail situé entre documentaire, inventaire, passant en revue les modes de vie actuels, communément qualifiés de « consommation de masse ».
Prétexte à plaisanteries et railleries en tous genres, le résultat de cette œuvre documentaire est incontestablement esthétique, volontairement haptique et kitsch tout à la fois. Il se situe exactement à la lisière entre travail plastique et désir de témoigner d’une période donnée. Ces images une fois classifiées témoignent d’un nouvel espace propre à la collection dont la source est le réel et son instantanéité, l’ordinaire et la répétition, la classe moyenne et le quidam.
Cette esthétique populaire a été rendue possible par l’équipement de chacun, hommes femmes & enfants, en matériel de capture photographique, de ces éléments mémoriels qui témoignent jour après jour d’une réalité indicielle où les détails pris sur le vif et particulièrement répétitifs sont autant d’éléments faisant état d’une époque et de ses modes de vie, et des individus qui la composent.
Le lieu de la photographie embrasse alors le corps social dans son entièreté, la réalité devenant le lieu de la répétition fonctionne alors comme un espace propre à l’uniformisation des modes de vie et prenant donc la forme de l’archive. La particularité de Parr étant alors de se situer entre sériosité documentaire et partis pris pour une distanciation quelque peu ironique. Le réel est converti en document et les habitus dont il témoigne quelque peu moqué.
A la fois photographie indicielle et mémorielle, le travail de Martin Parr est celui d’un archiviste qui se plait à voguer entre collectionnisme et lois des séries, anthropologie des modes de vie occidentaux et esthétisation kitsch propre à l’art du tout début du XXIème siècle, il est le reflet de ce paradigme propre à la photographie, instrument d’étude, de connaissance, de création et loisir à portée de mains.









Martin Parr
Photographing vulgarity
British photographer member of Magnum Photos – created by Henri Cartier-Bresson, Martin Parr never ceases to interest the art world. His works paint a disturbing picture and sometimes ironic but relatively realistic of people, anonymous and common ones, inventorying lifestyle of British Thatcher’s era – and post Thatcher. A vision of a society where mass consumption and excesses become the main subject, and when Parr does some significant alterations, of a lifestyle where between representation – in advertising for example – and reality intrudes a lag, sometimes a bit rude…
Photography appears in the nineteenth century in France, opening the way to new experiments in art and reconsideration of a medium already old of 40 000 years: painting. In just two centuries, the practice has undergone a number of changes characteristic of the industrial era, post-industrial and technological.
Indeed, the purpose of strict representation of reality (the perception of eyes), will move from painting to photography, the first having been lagging – by far – by the progress of technology. Then it will pass from the hands of scientists to those of artists, then absolutely everyone, as quidam as expert, scientists and artists, becoming an usual act.
If photography for two centuries has been the place of experience, science and exploration, moving away from a descriptive and objective determination of reality, here and with Martin Parr, it becomes the pretext which open the way to work between documentary, inventory, reviewing current lifestyles, commonly called « mass consumption ».
Excuse for mockery of all kinds, the result of this documentary work is undeniably aesthetic, haptic and deliberately kitsch. It is located exactly on the border between plastic work and desire to witness a given period. These images once classified, reflect a new space in the collection whose source is reality and its immediacity, routine and repetition, the middle class and the typical person.
This popular aesthetic was made possible by the democratization of equipments, men women & children, being able to possess cameras. These memorial equipments allow to capture elements that reflect everyday reality, creating an index where details taken from life are particularly repetitive, indicating a time, its lifestyles, and individuals who compose it.
The place of photography then embraces the social body as a whole, reality becoming the place of repetition functions as a clean space to standardization of lifestyles and therefore the form of archives. The particularity of Parr’s works is this place between seriousness of documentary, and biases to a somewhat ironic distancing. Reality is converted into historical document and habitus which demonstrates in his work some fun.
Both index and memorial photography, the work of Martin Parr is that of an archivist who likes to sail between collection and laws of the series, anthropology of Western lifestyles and kitsch aestheticism of art of the early twenty-first, it is a reflection of this photography paradigm, traditional instrument, knowledge, creativity and entertainment at hand of everyone.



























































